On ne peut pas arroser un viel arbre
La culture comorienne doit sa richesse au métissage de son peuple.
Ses archipels se trouvant entre le Mozambique et Madagascar ont été a
travers l’histoire et sont encore un carrefour de cultures. Les
nouvelles recherches menées dans le champ de l’archéologie confirment
la théorie d’une premier population austronésienne qui serait venue
peupler Madagascar et les Comores en partant de l’Indonésie. Les
différentes fouilles archéologiques ne sont pas les seules preuves de
cette théorie car les études anthropologiques et linguistiques, entre
autres, semblent confirmer cette thèse.
Mais les Comores ont été
pendants des siècles l’interface d’autres cultures. À travers le
commerce d’écailles de tortues, d’ivoire et d’esclaves le monde, Arabe,
Bantou et Asiatique sont rentrées en contact sur ces petites îles de
l’océan Indien. Toutes ces cultures on crée un brassage qui fait la
force et la richesse de la population de ces îles.
Pourtant cette
richesse risque de disparaître et sombrer dans l’oubli. Essentiellement
basée sur la tradition orale la culture comorienne, comme grand part
des autres cultures d’Afrique, doit sa survie à la mémoire et la parole
des anciens. Face a la modernisation et l’expansion de la culture de
l’écrit certaines connaisances disparaissent discrédité par leur nature
orale. Mais, si l’appât que l’occident peut avoir sur certains jeunes
se détournant de leur culture, le retour aux Comores de jeunes ayant
suivi leur études en Arabie Saoudite s’avère aussi compromettent pour
la survie des traditions comoriennes.
Pays musulman depuis des
siècles, la Grande Comore a su garder une identité métissé en
conservent des traditions « préislamiques ». Les réponses qui m’ont été
données par Moussa Issiaka, historien d’Iconi et ancien chercheur du
CNDRS, lors d’une interview qu’il m’a gentiment accordée, mettent en
évidence le péril auquel fait face la culture comorienne à cette
époque. Voici une partie de cet interview.
JE VOUDRAIS
REVENIR SUR L'EVOLUTION DES PRATIQUES LIEES AUX DJINNS. SELON VOUS LES
JEUNES QUI VONT ETUDIER EN ARABIE SAOUDITE AURAIENT-ILS UN ROLE DANS
L'EVENTUELLE DISPARITIONS DE CES COUTUMES?
Moi en tant que
traditionaliste je vois mal la disparition de ces coutumes. C’est notre
identité. Ici aux Comores nous avons trois fêtes de l’an : L’année
chrétienne, l’année musulmane et l’ancienne année, l’année de Nairouse.
Cette dernière c’est l’année de culture, l’année de travail qui est
d’origine Perse. Et eux, les ulémas, ils arrivent et veulent supprimer
cette ancienne année et l’année chrétienne parce que ça n'est pas
musulman. Ils font leur discours à la radio et à la télé. Les enfants
revenant des pays arabes veulent interdire tout ce qui ne serait pas
musulman. Moi je dis, pour ce qui ne contrarie pas l’existence de Dieu,
je peux accepter. Par exemple le Daïra, on le fait pas en Arabie
Saoudite et alors on veut le supprimer, mais c’est pour Allah !
Pourquoi interdire de fêter la naissance du prophète sous prétexte que
le prophète ne l’a pas fait ?Tout ce qui ne se fait pas en Arabie
saoudite veut être détruit, c’est ça qui m’écœure.
COMMENT L'ISLAM S'EST IL IMPOSE AUX COMORES ?
Parce qu’on a introduit les chants et les prières dans les coutumes, par exemple dans les mariages et autres fêtes. Et maintenant ces jeunes qui sont allée étudier en Arabie Saoudite, ils vont très vite, ils vont dans les mosquées avec des grands discours. Tu vois un arbres de 70 ans ? Tu veut l’arroser ? Tu rigole ? Nous sommes des vrais Fundi, ils nous prennent pour des petits cochons, des vaut rien.
SELON VOUS QUE VA CHANGER CETTE VAGUE D'IMMIGRATION ETUDIANTE?
Ma vraie inquiétude c’est que nous sommes en train de disparaître, ces gens viennent avec des discours pompeux et les enfants ont la tête vide. Avant il y avait un petit ramadan mais on l’a interdit. Si on en parle aux enfants ils vont dire que les vieux les emmerdent. Les enfants veulent être libres.
AVEZ-VOUS PERCU UNE EVOLUTION DANS LE TEMPS DES PRATIQUES ET DES CROYANCES LIEES AUX DJINNS?
En
1975, à l’époque de la Révolution par le président Ali Soilihi, il a
voulu bannir tout ça, il a pris les livres des écoles, il voulait
effacer toutes ces croyances. Et il a réussi. Mais depuis 1978, depuis
Ahmed Abdallah, tout commence à revenir petit a petit. Mais à Iconi
c’est presque disparu. Je pense, que ces danses vont devenir des danses
modernes. Les artistes s’inspirent déjà des chansons des Djinns pour
écrire des chansons. Ils utilisent les mêmes rythmes. Mais je pense
qu’au fil du temps ces croyances vont revenir. Quand je travaillais à
la radio, en 1980, on a fait une campagne pour dire aux gens d’aller à
l’hôpital. Mais nous n’avons pas des médecins assez compétents pour les
nouvelles maladies, nous avons que des généralistes. C’est ça qui
pousse les gens à penser aux Djinns. Nous sommes au XXIe siècle mais
les Comores restent toujours comme ça. Les médecins s’enrichissent mais
ils tuent. Il n’y a pas d’outils nécessaires. Regardez l’exemple de la
Dingue il y a deux mois…Est-ce que le gouvernement réagit ? C’est ça le
problème ! C’est ça la conséquence.
Sina. Un grand merci à Moussa Issiaka.